Mr David Lisnard - Maire de Cannes


Moi, je n'ai pas envie de vivre à Dubai !

Entretien de Mr Lisnard, Maire de Cannes, au Point le 21 Juin 2018:

Autre pression: les zones commerciales en périphérie. Comment les contrôlez-vous?

Je suis pour la liberté de commerce, ces centres commerciaux ont leur place dans l'offre. Mais ils bénéficient de largesses publiques inouïes en aménagement routier, en affectation foncière. Dans les seules Alpes-Maritimes sont programmés environ 30000 m mètres carrés de surfaces supplémentaires: c'est de la folie pure! C'est destructeur d'environnement, cela crée des aspirateurs à voitures, cela imperméabilise les sols sur des espaces naturels, désertifie nos villages et défigure les paysages. Moi, je n'ai pas envie de vivre à Dubai ! Je crois en l'avenir des commerces de centre-ville, à condition que les espaces publics soient beaux, propres, sûrs, pratiques, desservis par les transports publics, connectés au numérique. Mais on a aussi besoin de lieux de sociabilité où se promener sans être seulement traité en consommateur, pour discuter, rencontrer du monde


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Lettre du Maire de Cannes en réponse a la pétition.
Lettre du Maire de Cannes en réponse a la pétition.
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Le Maire

Président de l'Agglomération Cannes Pays de Lérins

Vice-Président du Conseil départemental

 

Cannes, le 9 août 2018

 

OBJET : LETTRE OUVERTE « ENSEMBLE CONTRE LA BETONISATION DE SOPHIA-ANTIPOLIS » REF: DL/RR18032642 DS

 

 

Monsieur,

 

Vous avez publié, sur le site internet « Change.org », une lettre ouverte intitulée « Ensemble contre la bétonisation de Sophia Antipolis» adressée aux Maires de la Communauté d'Agglomération Sophia Antipolis, au Maire de Mougins et à moi-même, en tant que Maire de Cannes et Président de Cap Azur, le Pôle métropolitain de l’ouest des Alpes-Maritimes.

 

J’ai lu avec beaucoup d’intérêt cette lettre par laquelle vous relayez l’inquiétude, partagée par une majorité de personnes résidant et travaillant à Sophia Antipolis, quant aux conséquences désastreuses et dangereuses de l’urbanisation croissante sur l’environnement et la qualité de vie de la technopôle.

 

Soyez assuré que je partage pleinement vos légitimes préoccupations puisque je mène depuis plusieurs années, en tant qu’élu local, un véritable combat contre la prolifération excessive des centres commerciaux de périphérie dans notre département et dans l’est varois.

 

En effet, le développement hérétique et incontrôlé de ces surfaces commerciales représente une triple menace pour notre territoire.

 

En premier lieu, il est conduit au mépris de toute logique écologique, la destruction des espaces agricoles et naturels augmentant le risque d’inondation en imperméabilisant les sols.

 

En second lieu, il compromet la pérennité des commerces et artisans de proximité et de centre- ville, déjà fragilisés par les changements rapides intervenus dans les modes de consommation.

 

Enfin, il met en danger la santé publique avec la pollution induite par la saturation de la circulation automobile.

 

La Mairie de Cannes exprime son opposition à la réalisation de nombreux projets de centres commerciaux, soit lorsque son avis est expressément requis par le syndicat intercommunal chargé du Schéma de Cohérence Territoriale (SCOT), soit par des interventions auprès de la Chambre de Commerce et d’Industrie Nice Côte d’Azur et du Préfet des Alpes-Maritimes, soit, enfin, par des recours dirigés à l’encontre de décisions prises par la Commission Départementale d'Aménagement Commercial (C.D.A.C.) et la Commission Nationale d'Aménagement Commercial (C.N.A.C.) ou de permis de construire délivrés par les communes d’accueil.

 

La Mairie de Cannes a, notamment, lutté contre la mise en œuvre des complexes suivants :

- le projet dit « Castellari » au Cannet, consistant en la construction, sur les anciennes pépinières

de la famille Castellari, de 20 000 m? de surfaces commerciales et de 5 000 m? de résidences

hôtelières, en 2010 ;

- le projet de programme immobilier à Mandelieu dans la basse Vallée de la Siagne, prévoyant

120 000 m° de surfaces commerciales, en 2010 ;

- le projet de Pôle de la mode et du design au Muy, initié depuis 2012 et toujours en cours;

- le village de marques de Pégomas, prévoyant la création d’un centre commercial de 13 820 m°

sur 6 hectares en bordure de la Siagne, en 2013 ;

- le projet de centre commercial et d’activité Business Resort Sophipolis à Vallauris, portant sur la création d’un ensemble composé d’un complexe hôtelier et de surfaces commerciales de près

de 11 000 m°, en 2017;

- les Zones d'Aménagement Concerté du Fugueiret et des Clausonnes sur la commune de Valbonne, initiées en 2009, incluant le complexe commercial Open Sky de 60 000 m°.

 

Dans plusieurs cas, cet engagement et ce combat ont porté leurs fruits.

 

Ainsi, le projet de village de marques à Pégomas a définitivement été annulé par le Conseil d'Etat le 13 juin 2016, à la suite d’une action engagée par la Mairie de Cannes devant les tribunaux.

 

Le projet vallaurien Sophipolis a fait l’objet, en janvier 2018, d’une demande de retrait par le Préfet du permis de construire modificatif au motif d’une « forte présomption d’illégalité ».

 

Concernant le projet Open Sky, situé en bordure du Parc départemental de la Valmasque, vous relevez, à juste titre, l’insuffisance de concertation publique menée en amont de la validation de ce projet.

 

Je ne peux que souscrire à cette appréciation, d’autant que, malgré 41 avis défavorables recueillis sur les 52 avis exprimés par le public dans le cadre de l’enquête publique conduite en mai 2016, le commissaire enquêteur a émis, de façon surprenante, un avis favorable à ce projet pharaonique et destructeur, estimant que «les observations du public sur ce sujet sont quelque fois très peu argumentées »…

 

Malheureusement, et sachez que je suis le premier à le déplorer, le projet Open Sky est administrativement acté, ayant été autorisé par la C.D.A.C. (qui ne comprenait pas, hélas, dans ses membres, la Ville de Cannes) le 16 octobre 2014 et fait l’objet d’un permis de construire délivré par la Mairie de Valbonne en novembre 2016.

 

Aussi, en avril 2018, j’ai saisi le Préfet des Alpes-Maritimes et le Président de la C.C.I. Nice Côte d’Azur afin de les alerter à nouveau sur ce projet pour qu’ils tentent d’y mettre un terme.

 

Plus largement, j’ai souhaité que prévale une vision globale en matière d’aménagement commercial sur notre département et l’est varois, qui soit partagée par l’ensemble des opérateurs publics et privés concernés, incluant la population et les associations environnementales et de défense des commerçants et artisans.

 

En effet, le fonctionnement actuel de la C.D.A.C. n’est pas satisfaisant, tant dans sa composition, limitée à des élus territoriaux et des personnalités qualifiées désignées par le Préfet (sans la présence des chambres consulaires, exclues depuis 2008), que dans sa méthode d’évaluation des projets et d’appréciation du périmètre géographique impacté, lequel est souvent bien plus étendu que les limites du SCOT concerné voire même du seul département des Alpes-Maritimes.

 

Aussi, j’ai demandé le renforcement de la démarche « INTERSCOT des Alpes-Maritimes », initiée par la C.C.I. Nice Côte d’Azur, vers un rôle plus décisionnel. Il pourrait conduire à une représentation des chambres consulaires et des présidents de toutes les agglomérations des Alpes-Maritimes au sein des C.D.A.C. et à une réflexion conjointe sur un zonage précis identifiant les espaces à protéger ou à développer. Ces mesures permettraient de mieux contrôler la création de nouvelles zones commerciales dans notre département, déjà plus que saturé, et prioriser l’implantation de nouveaux équipements commerciaux dans les centres villes.

 

Je tenais à vous faire part personnellement de ces éléments et vous prie de croire, Monsieur le

Président, à l’assurance de mes sentiments les meilleurs.

 

David LISNARD


Cécile Dumas - Élue à Antibes - Lettre au Préfet


Je rends public la lettre écrite et envoyée aujourd'hui à M. le Préfet des Alpes Maritimes concernant les risques d'inondations dans notre département. Il est urgent, après les événements du département de l'Aude, de ce pencher sur cette problématique pour ne pas revivre les inondations d'octobre 2015. 

Monsieur le Préfet,

            La dernière catastrophe climatique qui a touché lourdement le département de l’Aude a réveillé les peurs et les tristes souvenirs des habitants de Biot, Antibes, Vallauris, Cannes et Mandelieu.

Aujourd’hui, les scientifiques expliquent que les données historiques qui prévalaient pour les crues centennales sont devenues obsolètes. L’intensification des pluies accompagne le réchauffement climatique, en cinquante ans les pluies intenses ont augmenté de 20% (plus de 200mm d’eau en l’espace de 24 heures). Les causes sont aggravées par l’urbanisation et l’imperméabilisation des sols, sont principalement ciblés les grandes surfaces et leurs parkings particulièrement gourmands de surface au sol.

Les élus de la Communauté d’Agglomération de Sophia-Antipolis (CASA) semblent tenir compte de la situation puisqu’ils annoncent des réductions des surfaces constructibles sur plusieurs projets, à savoir :

  • Les Clausonnes : 90 000 m² au lieu de 96 000m²
  • Le Fugueiret : 30 000m² au lieu de 150 000m²
  • Les Trois Moulins : 40 000m² au lieu de 150 000m²

Manque-t-il à ce point de centre commerciaux ou de bureaux dans les Alpes Maritimes ?

 

Nous pouvons lister le doublement de Cap 3000, de Carrefour-Antibes, du Polygone Riviera, de la zone IKEA, etc. Sur une zone de 5km², nous dénombrons deux Leclerc, plusieurs Carrefour Market, Décathlon, Castorama, Leroy Merlin, et, de plus, deux zones commerciales vont ouvrir face à Darty et Renault. Plus de 30 000m² de bureaux ne sont pas loués car en friche à Sophia Antipolis et plusieurs chantiers abandonnés !

La prudence voudrait que soit instauré un moratoire en attente de nouvelles enquêtes publiques et en particulier hydraulique car ces projets sont dans le périmètre du bassin versant de la Brague et de ses affluents. C’est là que la catastrophe du 3 Octobre 2015 a trouvé son origine. Ces projets continuent d’ignorer la dangerosité des vallons enterrés sous ce béton.

La règle démocratique voudrait que les modifications importantes des projets obligent à reprendre les procédures obligatoires et la concertation publique. Je me permets de vous rappeler que les communes de Mougins et de Valbonne – Sophia Antipolis sont toujoursdépourvues de Plan de Prévention des Risques d’Inondations (PPRI) alors que c’est une obligation depuis 1987 !

Le principe de précaution doit primer sur la fameuse « culture du risque » dont on constate les résultats.

Comment accepter que ces monstres de béton sortent de terre alors qu’aucun moyen de transports collectifs efficaces ne soit réalisé ? Le président de la CASA, Jean LEONETTI, annonce le Bus à Haut Niveau de Service (BHNS) pour 2023. Tous les secteurs des Hauts d’Antibes, de Sophia Antipolis, de Saint Bernard et de l’autoroute sont bloqués des heures durant chaque jour. Ce retard au sujet d’une vraie politique de transport en commun (services et tarifs) est un handicap considérable au développement économique de notre Ville mais aussi une cause terrible de l’émission de pollution. Le rapport du GIEC, paru il y a quelques semaines, nous invite à plus d’attention écologique dans l’activité humaine.

Ce ne sera pas une énième augmentation des taxes sur le carburant ou la limitation à 90km/h entre Cagnes sur Mer et St Laurent du Var qui vont répondre à l’urgence.

D’ailleurs, au sujet de l’autoroute, ses responsabilités dans la catastrophe du 3 Octobre 2015 sont avérées, avec les buses sous dimensionnées pour canaliser La Brague et l’imperméabilisation des sols de cet équipement, en particulier l’échangeur d’Antibes construit sans bassin de rétention.

Qu’en est-il des décisions de travaux ?

 

Dans l’attente de votre réponse, veuillez agréer, Monsieur le Préfet, mes sincères salutations.

 

 

Cécile DUMAS


Marie Pierre Hoskin - Élue à Valbonne